Avant-gardiste attardé, anartistisanalyste, insituactioniste, acharniste, amusicien jazzconcubin, poïéliticien et patati-pataphysicien, (malpoly-instrumentiste, volcalpiniste, bruitaliste), fauteur complositeur, désarangeur, ininterprète, menteur en scène, scatrap’conteur, psychomédien, gestualiste et philos’autres …
De Kenny Clarke, Luciano Berio, Stan Getz, Eddy Louiss, Claud Nougaro ou Michel Portal, multi-prix jamais pris de conservatoire, synthèse parfaite de Lacan et Coluche, formidable batteur, moissonneur, pianiste, chanteur, accordéoniste, « improète », et paysan, agitateur depuis avant, corps et âme de la Compagnie Lubat de Jazzcogne […] Bernard Lubat a fait plusieurs métiers (musicien, musichien, sampleur de charme, cascadeur de compagnie, lanceur de géants), a fait mille métiers mais plutôt en musique.
Chercheur poético-scientifique de haut rang, à table il fredonne et tambourine, trousse un chabada pour fourchette et couteau, c’est en réalité quand il parle qu’il joue. Programme, en Lubat dans le texte : « C’est par où ? C’est par l’art ! : psy-comédie poïélitique auto- biograffitique. » Il n’est pas impossible qu’un jour on mesure l’ampleur réelle de l’artiste. Rien n’est moins sûr. De son vivant, il est bien trop vivant pour qu’on s’en aperçoive. […]
Lubat a une histoire où la chronologie s’étouffe : il est là, à tout moment, entier. Constantes : la politique, l’action, et la musique. Il ne ressasse jamais. Ne parle que du concert d’hier et de celui qui vient. […] Point nodal : En musique improvisée, on ne choisit pas.
Lubat pratique la folie raisonnée. Son point de lucidité : « Me retrouver pas à ma place : je sais que je sais ne pas commencer. » Tous les soirs, il ne commencera pas. Il a essayé. Il ne tient plus à subir les fausses mémoires. La vraie mémoire c’est le trou. Ça répond. La musique arrive : « C’est celle-là qui m’invente un musicien. » Il n’a aucun mérite à ne pas commencer : « Ce n’est qu’un combat, continuons le début. »