Transformation du souci en souci de la transformation

Mine d’art à ciel ouvert : une association transartistique et culturelle

36 ans d’existence sous différentes appellations, pour l’association qui a décidé  en 2002 de compléter ses  statuts et d’adopter comme nouvelle dénomination « Uzeste Musical visages villages des arts à l’œuvre ». Une dénomination annonciatrice d’inscricre l’action artistique et culturelle sur un territoire plus large que l’épicentre d’Uzeste : une volonté d’archipélisation se dessine alors. Elle a également pour objet d’éduquer à l’art en formant des œuvriers créateurs et d’inventer un « art de la diffusion de l’art ».

Elle s’appuie sur un conseil d’administration riche des personnalités et des parcours de ses membres : Alain Amanieu (notaire et poète) Michel Ducom (professeur et reponsable national du Groupe Français d’Éducation Nouvelle) Jean-Michel Lucas (universitaire, ancien responsable DRAC) Alain Demas ( Président du CERESA (Centre études et recherches économiques et sociales d’Aquitaine) Philippe Médiavilla (Secrétaire général de La CGT Aquitaine) Serge Goacolou (entrepreneur) Lydie Delmas (Puéricultrice, Porte parole de la CGT Gironde) Jacques Ducout. Forces de propositions, ceux-ci co-élaborent de façon effective à l’orientation poïélitique de l’association, aux contenus transartistique de son action ainsi qu’à l’organisation des manifestivités d’Uzeste Musical. Ils entraînent également dans leur sillage les membres d’autres associations et groupements ( GFEN, CCAS, CGT).

Les œuvriers créateurs de la Cie Lubat de Jazzcogne assurent la direction artistique des manifestivités organisées à l’année par l’association.

Les saisons d’Uzeste Musical : Uzestival automnal, Uzestival du Nouvel An, Uzestival hivernal, Uzestival de printemps

Concerts, spectacles, veillées total impro, jazzbal gasconcubin, projections, conférences, débats, ateliers , weeks-ends thématiques sont imaginés et réalisés par la Cie Lubat et ses invités. Chaque vacances scolaires est alors occasion de jouer, toujours encore jouer, tous les jours que «jeu fait». Condition obligée, invariable d’ajustement, seule possibilité de devenir artiste (musicien, comédien, « improète» , « écrivien » etc.). On n’est (ni naît) jamais artiste… On le devient… jamais trop.

Point d’orgue de ces manifestivités à l’année, l’Été d’Uzeste Musical et sa célèbre Hestejada de las arts. La manifestivité poïélitique d’Occitanie océanique, carrefour lubalistique des expressions délibérées, épicentre de décentralisation déterritorialisée, sas de décontamination divertisavertisante, processus de recréolisation jazzcognitive, pointe enjazzée d’une nouvelle avant-garde champêtre (antidote local à toutes les arrières gardes barrières, gardes à vue, gardes chiourmes, garde à vous) : Concertifiants, expérimentactions, imperformances, circonférences, débats d’ici d’en, apéro impro, improjections, explositions…

Elle tire sa renommée d’une pratique consommée de l’art de l’improvisation et peut être présentée autour de trois principes qui fondent la politique de l’association depuis 1978 :

# L’engagement de proximité

Un enracinement en territoire occitan : Depuis sa création en 1978, l’Hestejada a toujours eu pour terrain la vaste zone du nord de la forêt des Landes, avec comme épicentre le village d’Uzeste. Le festival a sillonné le sud Gironde (Uzeste, Villandraut, Cazalis, Préchac, Lucmau, Bourideys, Roaillan, Saint-Symphorien) et le nord des Landes (Callen, Luxey, Sore) pour aller à la rencontre de populations rurales souvent marginalisées. L’itinérance est pensée comme une façon de concerner les habitants du territoire.

La valorisation du patrimoine naturel, vernaculaire et linguistique. la Hestejada investit toujours les lieux qui ont participé à la construction de l’identité locale. La forêt bien sûr (de nombreux concerts sont improvisés dans les bois), les cours d’eau (les bords du Ciron à Villandraut, les balcons de la Leyre à Sore), le patrimoine populaire (l’Estaminet d’Uzeste, les Cercles de Saint-Symphorien et de Sore, les châteaux de Villandraut, Roquetaillade )… Une façon sensible et poétique de considérer ces endroits et de les réinstaller dans le champ de la mémoire. Il en va de même pour la langue. La langue du pays sublimée par Bernard Manciet, dont les poèmes sont toujours présents (affichés sur les arbres, imprimés dans la revue, disponibles à la vente à la librairie de la Maison de la Mémoire en Marche). Et une langue toujours dite, dans de nombreuses créations et spectacles.

L’implication des habitants et des acteurs locaux. Une journée de l’Hestejada dans un village est toujours précédée de plusieurs réunions publiques, destinées à informer les populations et à inciter leurs initiatives :  habitants, associations et collectivités sont invitées à prendre une part active à l’événement. De nombreux artistes sont ainsi hébergés gracieusement chez des particuliers. Ces derniers ouvrent leurs espaces privés (cour, jardins, parcs, châteaux…). Les mairies et les associations culturelles et sportives offrent leurs conseils et leur aide pour le montage et démontage des structures du festival, tiennent des buvettes, des points restaurations… le projet étant de faire jouer les solidarités et de raviver l’esprit associatif.

# La pédagogie

La construction du citoyen. L’Hestejada de las arts est soucieuse d’ouvrir des espaces et des temps de dialogue pour poser à son public la question de la place faite à l’art dans la société. Chaque année, des élus (en charge de mandats locaux ou responsables de la culture dans des collectivités publiques d’envergure) et des acteurs culturels sont invités à causer de la dimension politique de la culture et de l’art. Pour que la discussion dépasse le simple cadre de l’instant, des témoignages, prises de position, interviews sont collectés et rassemblés dans des supports distribués aux festivaliers. L’importance de l’écrit à Uzeste (comme en témoignent les « programmes manifestes » ) est le signe de cette volonté de poursuivre la discussion avec le public en dehors du moment du festival.

L’accueil des jeunes musiciens. Parce que la musique ne doit pas être que l’affaire des professionnels, c’est la question de la transmission qui est posée avec l’accueil de jeunes musiciens. Il s’agit d’encourager, de responsabiliser, de faire progresser des jeunes en les faisant jouer avec des artistes plus chevronnés.  Pour que la pratique et la connaissance se partagent et se régénèrent.

# L’intérêt général

L’ouverture au monde et aux pratiques innovantes. Bien qu’ancré en territoire gascon, l’Hestejada de las arts est poreuse aux souffles du monde. Toutes les pratiques sont convoquées : le jazz et l’improvisation en sont le cœur, mais le théâtre, la poésie, les arts de la rue, la danse, le cinéma, les arts visuels, la pyrotechnie  y ont aussi leur place.

C’est aussi une des richesses majeures d’Uzeste Musical que d’inviter des artistes, non pas simplement à se produire, mais à expérimenter ensemble. C’est ce que beaucoup viennent chercher à Uzeste : un espace où l’imprévu est possible, au risque du ratage mais au risque, aussi, de fabuleuses étincelles.

Un modèle de développement durable. Bernard Lubat dit souvent que le festival d’Uzeste Musical a su grandir sans grossir. Contrairement à beaucoup de festivals de sa carrure, l’Hestejada a réussi à maintenir une certaine qualité sans devenir un hyper-festival brassant, sans les connaître, des milliers de consommateurs de spectacles.

L’Hestejada est resté un événement de taille moyenne (un millier de festivaliers) sans perdre son aura nationale ni disparaître (le festival a maintenant plus de 35 ans !).

Parce que l’artiste est là pour éclairer plus qu’éblouir, la direction artistique ciselle chaque année une programmation exigeante de bout en bout, audacieuse et discrète (car dépouillée des grands noms médiatiques). Le public est invité à prendre son temps, à réfléchir, à se cultiver, à aller vers ce vers quoi il ne serait pas forcément allé. C’est tout un travail d’éducation populaire, lent parce que délicat, qui se poursuit à chaque édition. L’Hestejada de las arts se pense comme une entreprise à avertir, plus qu’à divertir.

C’est un événement qui peut se flatter de générer une recette de vente de livres supérieure à la recette de vente de boissons.

Un public unique. Le public d’Uzeste Musical est un public de passionnés, socialement très mixte et d’horizons très variés, minorités actives qui se réunissent de toute la France et trouvent à Uzeste la réalité d’un ntervalle ouvert à la respiration de la pensée une exemplarité inégalée (de nombreux témoignages écrits dans ce sens sont chaque année collectés). Grâce à ses publics, incroyablement fidèles, quels que soient les déplacements, les aléas, l’annonce tardive du programme (en général, trois semaines avant le début de l’événement), l’Hestejada résiste et interroge. En dépit de son atypicité, elle a su construire une renommée nationale et internationale, signe qu’elle touche à quelque chose de l’ordre de l’essentiel.

« Transformation du souci en souci de la transformation »

L’Estaminet, d’ancien café restaurant dancing en Théâtre Amusicien cabaret jazzconcubin.

Un bref historique de ce lieu « mythique » en souligne la richesse, la capacité d’adaptation et les potentialités à venir :

  • 1937 – 1980 1er génération. Maison fondée en 1937 par Marie et Alban Lubat : bal mambo musette (tous les samedis soirs dimanches après-midi et soirs et jours fériés) épicerie (tous les jours) cinéma (tous les mercredis soirs) jeu de billard (tous les soirs) salle de réunions citoyennes, syndicales, politiques (tous les jeudis soirs) concours de belote (tous les vendredis soirs). Café l’Estaminet, centre culturel avant la lettre, moyen de production privé (avant toute autre forme de possible subventionnement public) du 1er Festival d’Uzeste Musical en 1978. Merci Marie et Alban Lubat.
  • 1980 – 2000 2e génération. Gérance du Café Restaurant par la famille Planton (l’épicerie disparaît) premiers concerts et bals en Cie Lubat. Alban Lubat prend sa retraite et retrouve 50 ans après la joie de jouer (accordéon et batterie) et remonte un orchestre de musiques traditionnelles gasconnes « Los Pinhadas » avec ses amis voisins musiciens retraités.
  • 2000 – 2008 3e génération. Arrêt d’activités commerciales du café restaurant, l’association Uzeste Musical et la Cie Lubat occupent à parité les locaux et y poursuivent l’organisation de concerts bals spectacles conférences débats…
  • 2008 – 2010 4e génération. Transformation radicale de l’ancien café – cabinet d’architectes Christophe Hutin – en « Théâtre Amusicien » cabaret jazzconcubin : salle de spectacle concert projection exposition bureau administratif (siège de l’Association « Uzeste Musical visages villages des arts à l’œuvre » et de la Société Lubat Jazzcogne Productions) bodega accueil dégustation patio restauration jardin relaxation librairie thématique.

Aujourd’hui et demain :  toujours lieu de création et d’expérimentation de la Cie Lubat, le théâtre Amusicien l’Estaminet devient un outil potentiel pour d’autes compagnies, d’autres stuctures, d’autres pratiques. Sa capacité d’accueil lui permet également de recevoir concerts spectacles, journées ou soirées spéciales organisées par des associations culturelles -sportives, 3e âge, chasse, théâtre amateur- locale  et régionale.